D'origine congolaise, Abd Al Malik voit le jour dans le 14e
arrondissement de Paris, le 14 mars 1975. Deux ans plus tard, il part
vivre avec sa famille à Brazzaville. Il y restera jusqu'en 1981, date à
laquelle il s'installe à Strasbourg et vit difficilement le divorce de
ses parents. Il entre alors dans la délinquance et flirte un moment
avec l'extrémisme religieux avant de rebondir sur les impasses de la
religion et ses paradoxes. Tel un
Coltranes'éxilant dans un voyage intérieur afin de lutter contre la drogue,
Malik se sent pousser des ailes humanistes et mystiques. Parallèlement
à des études brillantes qu'il mène en philosophie et en lettres
classiques, il oriente son obédience musulmane vers le soufisme et la
poésie perse et prône la paix et l'amour du haut d'une "solitude
illuminée" via un rap parlé qui rappelle certains textes surréalistes
de Pablo Neruda ou de Gainsbourg.
"La forme de récit qui me touche le plus, dit-il, est souvent
autobiographique ou, en tout cas, garde de fortes attaches avec le
réel. C'est sans doute pour cela que j'affectionne particulièrement des
auteurs tels que Raymond Carver et Albert Camus (...) mais ma démarche
ne pourrait se résumer à une ambition purement littéraire parce que je
suis rappeur et parce que je suis un homme tout simplement". A l'instar
d'un Oxmo Puccino
qui fait du rap une poésie politisée et du hip hop un mouvement
littéraire, Abd rend à cette forme musicale toutes ses lettres de
noblesse. C'est beau et c'est touchant. C'est surtout à découvrir, à
écouter et à mediter comme de beaux vers écrits par le poète perse du
XIIIe siècle Djalal Al-dîn Rûmi. S'il y avait plus de Malik dans le rap
français, les hommes poltiques auraient du mouron à se faire.
Critiques perso : abd al malik, c'est bien, c'est engagé, c'est poétique.