Pour qui n’a jamais assisté à un concert des Chemical Brothers, il est
difficile d’imaginer ce que peut être leur talent de Djs et leur
manière, presque monstrueuse, de mettre une foule de jeunes en transes.
Au-delà de la rave, les Chemical Brothers propulsent des milliers de
personnes, à grand renfort d’images presque subliminales et de sons
tout aussi hallucinants, à la limite de l’inconscience béate.
C’est en 1989, à Manchester, que se sont rencontrés Ed Simons, visage
encore un peu poupin, cheveux bouclés, et Tom Rowlands, lunettes,
cheveux blonds et l’air de sortir d’ « Alice au pays des Merveilles »
(dans le rôle de la chenille dévoreuse de champignons…magiques). Alors
étudiants en histoire, les deux compères sont surtout là pour se
propulser sur la scène musicale techno. Ils commencent à mixer et se
produisent dans plusieurs clubs réputés en empruntant, hommage aux
producteurs légendaires des Beastie Boys, le nom de Dust Brothers. Ils
se font rapidement une réputation et rentrent en studio dès 1992.
Basses, sirènes et voix éthérées sont les matériaux de base de ce
premier essai qui paraît sous le titre de « Song to the Siren ». Les
deux faux-frères deviennent rapidement la coqueluche de la scène
musicale britannique, tous styles confondus, et tout le monde se les
arrache pour avoir son remix.
En 1995, leur premier véritable album, « Exit Planet Dust », signé chez
Sony, fait l’effet d’une bombe. Personne n’en croit ses oreilles. Le
son Chemical Brothers, désormais rebaptisés, est là, à la fois
agressif, puissant, extatique, surtout avec l’apport des voix de Beth
Orton et Tim Burgess. Les guests vocaux sont d’ailleurs l’une des
marques de fabrique les plus marquantes de la musique des Chemical
Brothers comme le prouvent les singles « Setting Sun », avec Noël
Gallagher, le leader d’Oasis au chant (sur leur album « Dig your own
hole » en 1997) et « The Test » chanté par Richard Ashcroft sur « Come
with Us » en 2002. Leurs vidéos, branchées et délirantes, leur font
encore un peu plus une réputation d’ovnis de la planète techno-rock.
Pour le côté rock, les Chemicals n’en sont d’ailleurs toujours pas très
sûrs, eux qui apprécient aussi bien Tricky que Primal Scream.
Leur dernier album en date, « Galvanize », frappe encore un grand coup
et leur premier single « Push the Button » donne le ton. Rythme fou,
samples orientaux, c’est une musique de club mais un club très privé où
une fois entré, on ressort transformé.