Dead Can Dance fait partie de ces groupes incompris d’une partie du
grand public. Les raisons ? Une forme de mystère et de réserve propres
aux membres de la formation, ou plutôt du duo, Lisa Gerrard et Brendan
Perry.
Musicalement inclassable (il serait restrictif et maladroit de les
classer dans des cases aussi antagonistes que « gothique », « new age
», « cold wave » ou « world music »), Dead Can Dance est avant tout une
expérience esthétique et poétique au cœur du Spleen et de l’Ideal,
titre d’un de leurs albums sorti en 1985, hommage à Charles Baudelaire
qui traduit admirablement l’univers du duo. La tristesse face à la
beauté de la nature, la brièveté et l’absurdité de l’existence humaine,
l’évocation du souvenir, la quête de l’œuvre d’art comme lien avec le
divin sont en effet les véritables thèmes de la musique de Dead Can
Dance et cela, même lorsque Lisa Gerrard chante dans des sortes de
glossolalies, langages inventés rappelant des langues anciennes,
oubliées et comprises des seules initiés.
En effet, la voix de Lisa Gerrard est l’un des éléments essentiels de
l’originalité de Dead Can Dance. Vêtue d’une longue robe blanche, ses
cheveux blonds noués en tresses pareilles à une couronne, elle est
l’image vivante, lors de ses trop rares apparitions scéniques, d’une
grande prêtresse primitive et hiératique. Le corps bouge à peine
lorsqu’elle joue d’antiques instruments comme le cymbalon et le son
métallique des cordes frappées se mêle à cette voix d’opéra, grave,
profonde, puissante et presque androgyne. Là où Lisa Gerrard psalmodie
des complaintes qui semblent être parvenues du fond des âges, Brendan
Perry chante en anglais, leur langue maternelle, des textes
mélancoliques, sombres, qui n’auraient pas déplu aux plus grands poètes
anglo-saxons.
Tous ces éléments ont bien évidemment contribué à l’élaboration d’une
sorte de légende autour du duo, de leur premier album éponyme illustré
d’un masque rituel de Nouvelle-Guinée, symbole d’une mort faisant
partie intégrante de la vie et pouvant, par conséquent, toujours
danser, à leur séparation énigmatique et temporaire en 1998. Très peu
médiatisés, ils ont néanmoins réussi, tout au long d’une carrière d’une
vingtaine d’année, à gagner l’admiration d’un public fidèle, toujours
plus nombreux et parfois au bord de la dévotion, particulièrement lors
de leurs concerts.
Le chemin a été long, en effet, pour ce couple originaire d’Australie
qui, n’ayant pas réussi à lancer leur carrière là-bas, décida d’aller à
Londres pour signer avec le label indépendant 4 AD, grand découvreur de
talents « différents », des Cocteau Twins à This Mortal Coil, autre
ovni musical dépressif et planant du milieu des années 80. Chacun peut
trouver, parmi la discographie de Dead Can Dance, un album qui lui
correspondra le mieux, pourvu qu’il recherche quelque chose comme une
languissante et jouissive contemplation du monde, des débuts très «
dark » aux derniers albums, principalement « Into the Labyrinth » ou «
Spirit Chaser », très marqué par l’apport d’instruments et d’influences
plus « ethniques ».
Lors de leur séparation, Brendan Perry a sorti un album intimiste et
très personnel, « Eye of the Hunter » où il livre ses compositions les
plus abouties et quelques très bonnes reprises, de Tim Buckley par
exemple. Lisa Gerrard, quant à elle, a entamé de nombreuses
collaborations musicales, avec Patrick Cassidy ou Pieter Bourke, et
plusieurs B.O de films dont « Gladiator » qui a remporté le succès que
l’on connaît et lui permet désormais d’être reconnue comme un grand
compositeur.
En 2005, Dead Can Dance se reforme et se lance dans une tournée
mondiale qui se vend à guichets fermés et l’on attend fiévreusement un
nouvel album mais il tarde à venir…Le mystère s’épaissit…
Quelques liens musicaux
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